Une dépêche AFP sur E3N-Générations

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AFP - Infos Françaises - Dimanche 24 novembre 2024 par Isabelle Cortes

Santé : de génération en génération, des familles françaises sous la loupe des chercheurs

Suivre pas à pas l'état de santé et les modes de vie de familles françaises volontaires, sur plusieurs générations, pour mieux comprendre ce qui expose à certaines maladies, ou en protège : lancé il y a plus de 30 ans, un vaste projet de recherche français continue de grandir.

Tout commence en 1990, quand 100 000 femmes, nées entre 1925 et 1950 et adhérentes à la mutuelle de l'Education nationale, acceptent de participer à une étude sur leur santé, à l'initiative d'une chercheuse de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Françoise Clavel-Chapelon.

"L'objectif original était d'étudier les liens entre les facteurs reproductifs et hormonaux, le mode de vie, en particulier l'alimentation, et la survenue de maladies, notamment le cancer", a retracé Gianluca Severi, coordinateur actuel de la cohorte E3N-Générations, lors d'une récente journée scientifique.

Là où les cohortes de malades sont centrées sur une pathologie, les cohortes prospectives en population apportent des informations de santé en général.

Cancers, maladies cardio-vasculaires, diabète, obésité, maladie de Parkinson, asthme, maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, dépression ou endométriose, cette cohorte - coordonnée par l'Inserm, l'université Paris-Saclay et l'institut Gustave Roussy – explore de nombreuses pathologies chroniques 

Au fil des ans, les scientifiques ont "élargi leurs recherches à des pathologies hors cancer et développé l'aspect familial, sur trois générations, pour étudier le mode de vie contemporain et la transmission d'expositions et d'événements de santé", selon Gianluca Severi.

Aventure familiale

Car les membres d'une famille partagent des gènes, des habitudes, des lieux de vie.

Des pères d'enfants des femmes initiales ont rejoint l'expérience en 2014, des enfants depuis 2018, des petits-enfants y seront invités à partir de 2026. L'espoir est de rassembler, à terme, 20 000 familles et 200 000 personnes sur trois générations.

Questionnaires réguliers, échantillons biologiques (salive, sang aujourd'hui, urine, cheveux et ongles demain), outils technologiques (bracelets connectés, capteurs de pollution, etc.) alimentent la collecte d'informations. Les données de remboursements de soins et de médicaments de la mutuelle s'y ajoutent.

E3N-Générations est l'une des rares études épidémiologiques générationnelles d'une telle dimension dans le monde, vantent ses artisans. C'est le volet français d'une vaste étude européenne sur les liens entre alimentation et cancer.

Cette exploration scientifique se double d'une aventure familiale.

Jean-Claude a ainsi emboîté le pas de sa femme, Mireille. "Les avancées médicales ne se font pas sans des gens qui ont contribué", et "depuis notre jeunesse, on en a bénéficié", explique à l'AFP cet homme de 78 ans, qui s'est "bien tiré" de trois cancers "pris à temps". De l'expérience E3N-Générations, il a aussi retenu, comme sa femme, le sentiment d'être "dans les clous pour l'alimentation ou l'activité physique".

"Générations futures"

Mireille, 77 ans, "s'amuse de voir ce qui a évolué avec l'âge : avant, je n'avais pas de soucis quand on me demandait si je courais ou si je montais les escaliers", dit-elle. L'une de leurs filles, infirmière, a rejoint la cohorte, l'autre n'est "pas encore convaincue".

Marie-Hélène, elle, a suivi les traces de sa mère Marie, "impliquée dès le départ pour quelque chose qui puisse servir aux générations futures". "Papa avait un cancer, peut-être que ça l'avait sensibilisée", confie-t-elle à l'AFP.

"Aider les autres pour qu'ils ne vivent pas ce qu'on a vécu", c'est aussi ce qui a motivé cette Francilienne de 62 ans. "La maladie m'est tombée dessus : asthme sévère et BPCO (bronchite du fumeur) - l'effet du tabagisme passif car mon papa était fumeur. Mais ma santé et ma qualité de vie seraient probablement plus dégradées sans mon mode de vie : ce que je mets dans mon assiette et mon activité physique".

Elle a incité ses filles, de 32 et 28 ans, à grossir les rangs de la troisième génération. Sans succès jusqu'ici.

Intégrer les nouvelles générations est "un défi" dans la recherche en santé publique, observe Gianluca Severi. "Avec les technologies numériques, la vie a changé, le temps disponible a probablement diminué", observe-t-il, mais "les outils innovants de collecte des données" peuvent permettre d'y remédier.

Cette dépêche a été relayée :

Dans la presse quotidienne régionale :

Sud-Ouest, le 24/11/24

La Dépêche, le 25/11/24

La Voix du Nord, le 25/11/24

Nord Éclair, le 25/11/24

 

Par des sites ou des blogs d’actualités en ligne :

ID L'information durable, le 24/11/24

News.DayFR, le 25/11/24

MSN, le 26/11/24

Badabim, le 04/12/24

 

Par des sites d’informations médicales :

What's up Doc ? Le magazine des jeunes médecins, le 25/11/24

Doctissimo, le 01/12/24