Ce qui influence la production d’anticorps contre le coronavirus
La réponse du système immunitaire à l'infection au coronavirus et à la vaccination varie grandement d’une personne à l’autre, conclut une vaste étude qui s’est intéressée spécifiquement à la production d’anticorps. Ce travail, qui s’appuie sur des tests sérologiques auprès de 14 000 participants, montre que leur taux d’anticorps dans le sang varie nettement selon que c’est une vaccination ou une infection qui a déclenché la production de ces anticorps, mais aussi selon leur âge, leur sexe ou même le type de vaccin reçu.
Ces résultats, publiés dans Nature Scientific Reports en juin 2022, sont le fruit de l’étude SAPRIS-SERO, dirigée par l’épidémiologiste Fabrice Carrat, à laquelle ont contribué des participants de l’étude familiale E3N-Générations, ainsi que des volontaires issus de 3 autres grandes études de cohortes françaises (Constances, NutriNet-Santé, Elfe).
Comment ces résultats ont-ils été obtenus ?
L’étude SAPRIS-SERO a permis une première recherche d’anticorps dans le sang de 80 000 participants entre avril et octobre 2020, avant l’arrivée des vaccins anti-covid. A partir des résultats de ces premiers tests et des réponses aux questionnaires remplis par les participants, les chercheurs ont sélectionné tous les participants ayant eu un résultat sérologique positif (ou indéterminé) ou qui avaient reçu un diagnostic de covid-19. En plus de ces quelque 5 000 participants, 11 000 volontaires dont les tests étaient négatifs, sélectionnés aléatoirement, ont également été invités. Cette cohorte visait à fournir aux différents scénarios (personnes ayant été infectées ou non, vaccinées ou non, etc.) suffisamment de représentants pour des analyses statistiques robustes.
Les participants étaient invités à faire un second test sérologique entre mai et octobre 2021 et à répondre à un questionnaire. Au final, les échantillons de près de 14 000 personnes ont été reçus et analysés, répartis en différents profils de vaccination, d’infection, d’âge etc. et comparés.
Influence de la vaccination ou de l’infection sur la production d’anticorps
Vaccination et infection entraînent des réponses très différentes du corps. La vaccination seule produit nettement plus d’anticorps que l’infection seule. Cela ne signifie pas pour autant une moins bonne protection après infection. En effet, la vaccination stimule beaucoup la production d’anticorps, mais une infection va davantage stimuler d’autres mécanismes de défense, à travers les globules blancs.
C’est la combinaison des deux qui donne la réponse la plus forte en termes d’anticorps. « En particulier le fait d’être infecté avant la vaccination entraîne une réponse humorale beaucoup plus forte, c’est un résultat qui nous a surpris », souligne Fabrice Carrat.
« Les anticorps ne mesurent pas toute la protection contre le virus d’une personne, mais au niveau collectif, c’est un excellent indicateur de la protection contre le virus : à l’arrivée du variant omicron, les taux d’anticorps étaient faibles et cela s’est traduit par d’importantes vagues successives d’infection de la population », explique le chercheur.
Variations selon l’âge ou le vaccin
Les taux d’anticorps des participants montraient des réponses différentes selon l’âge des participants. En moyenne, « les plus âgés ont une réponse en anticorps plus faible que les jeunes après vaccination, relève l’épidémiologiste. On observe plutôt un phénomène inverse après l’infection. »
Les chercheurs ont aussi examiné la réponse en anticorps selon le type de vaccins. « Un des résultats intéressants est la bonne réponse obtenue après un mix vaccinal, en particulier pour des vaccins utilisant des modes d’action différents », précise Fabrice Carrat, à propos des combinaisons de vaccins utilisant l’ARN comme le Pfizer ou le Moderna et un vaccin utilisant un virus bénin pour entrer dans les cellules comme l’AstraZeneca. « C’est un enseignement qui peut donner des pistes pour la recherche de nouveaux vaccins, y compris contre d’autres virus », conclut le chercheur.
Grande variété des réponses
Plus généralement, derrière les grandes tendances qui se dégagent quand on examine les infections, le schéma vaccinal ou encore l’âge, il demeure que les réponses immunitaires individuelles sont très différentes entre elles, montrant de nombreuses inégalités face à la réponse à l’infection.